UN TUEUR EN CAVALE
D'après RS, Journal de Tokyo, le 04/09/1998
Interné depuis près de trois ans et sous haute surveillance, il a réussi à s'évader de l'asile psychiatrique. L'alerte a été donnée cette nuit-même par les hommes chargés de la sécurité au sein du bâtiment où était enfermé le jeune homme de vingt ans.
Il doit sa liberté à son génie et son incroyable sens tactique. Le criminel Zakuro Akamatsu âgé de 20 ans est porté disparu depuis cette nuit. Il était interné depuis trois ans dans le centre de traitement psychiatrique de Tokyo pour sa folie apparente. Malgré les calmants qui lui ont été administrés, il a réussi à échapper à la garde rapprochée qui lui a été imposée. Les forces de police sont déployées pour le retrouver mais il n'y a aucune piste pour le moment. La façon dont il a fugué reste encore mystérieuse, l'homme semble s'être volatilisé.
LES FRONTIÈRES DU PAYS FERMÉES
L'histoire de Zakuro commença le jour où il tua et dévora son oncle pour une raison encore obscure. Retrouvé dans un état de choc et jugé comme n'étant pas responsable de ses actes, l'homme avait été confié à l'asile psychiatrique Tokyoïte. « Dès son arrivée, il a fait preuve d'un comportement exemplaire, il n'était pas ce que l'on pouvait appeler un cas difficile. Rien dans ses agissements ne semblait suspect », confia l'infirmier attitré d'Akamatsu. Les caméras de surveillance se sont brouillées et alors, immédiatement, les agents de sécurité ont débarqué dans la chambre du criminel mais ce dernier s'était mystérieusement volatilisé. L'alerte fut alors donnée à la tour de garde du centre puis à la police. |
Actuellement, Zakuro Akamatsu demeure introuvable. C'est pourquoi de nombreux flashs d'information sont diffusés et de nombreuses affiches sont placardées sur les murs. « L'individu recherché est particulièrement rusé, c'est ce qui représente le plus grand danger avec lui. Il sait se fondre dans la masse et est totalement imprévisible. Il faut se montrer prudent maintenant qu'il est de retour dans la nature, il peut se cacher n'importe où » expliqua le commissaire de police chargé de l'enquête en cours.
Même si personne ne sait encore où se trouve le maintenant célèbre meurtrier, les autorités pensent qu'il n'a pas pu avoir le temps de quitter le pays, c'est pourquoi les frontières du pays sont fermées. Aucune personne ne peut entrer ni sortir pour des raisons de sécurité. Les règles sont strictes et aucune exception n'est faite d'après ce qu'a fait comprendre la douane japonaise. Ils ne peuvent pas prendre le risque que le suspect ou des contacts qu'il pourrait avoir arrivent à passer les frontières du pays.
Le signalement de Zakuro Akamastu est le suivant : individu de sexe masculin, 170 centimètres, faible corpulence, asiatique, peau clair, yeux marrons et longs cheveux noirs. Si vous apercevez cette personne ne tentez en aucune façon de l'interpeller vous-même. Il est susceptible d'être armé. Restez prudent, il vous est conseillé pour votre bien de rester enfermés chez vous et de ne laisser entrer aucune personne qui vous serait inconnue.
Des nouvelles de l'enquête vous seront données dès que possible, en attendant, faites attention à vous. |
04/09/1999, Leeds, Royaume Uni
- Bon sang ce que ça sent mauvais par ici ! s'exclama le commandant Esmée Saddler en pénétrant dans la pièce en partie plongée dans l'obscurité.
Elle ne se gêna pas pour ouvrir en grand les rideaux, dévoilant alors la scène absolument dégueulasse exposée sur le lit. L'inspecteur Adamson également chargé de l'affaire quitta la pièce précipitamment, partant sûrement vomir dans les toilettes de cet appartement aux allures modernes et luxueuses. L'homme qui était là avait plutôt bien réussi sa vie, jusqu'à mourir avec un objet encore non identifié dans le cul. Cul dont il ne restait plus grand chose au final, il avait brûlé et même cramé. C'était absolument répugnant et cela expliquait parfaitement cette odeur de chair calcinée qui régnait dans tout l'appartement mais qui était particulièrement concentrée dans cette chambre. C'était écœurant, complètement répugnant. Qui avait pu faire une chose pareille ? Ce n'était pas humain c'était de la barbarie, juste du putain de sadisme et rien de plus ! Il n'y a que le pire des hommes sur cette Terre pour mériter un tel traitement. Qu'est-ce qu'un homme apparemment sans histoire fait dans une situation comme celle-ci ? Avait-il était choisi au hasard ou avait-il un passé sombre bien caché ? Aucune idée, mais ça, il fallait le découvrir et Esmée allait tout faire pour savoir.
- Je crois que c'est un fer à friser.
- Pardon ?
- Là, on dirait un fer à friser, non ?La deuxième femme de l'équipe, Antonnela Martens s'était approchée du cadavre et montrait l'objet qui dépassait du derrière de ce qui devait autrefois être un homme. Sur le manche de l'objet, elle pouvait voir la marque Remington gravée en lettres d'or et l'objet semblait cylindrique. Esmée y jeta un coup d'œil. En effet, cela devait-être ça et cet ustensile de coiffure était même probablement la source du feu. C'était même sûr.
Brian Adamson revint dans la pièce, il était blanc comme un cachet d'aspirine. Brian débutait dans le métier et n'avait pas encore le cœur tout à fait solide. Cela avait été trop pour lui d'un coup. Ce pauvre homme attaché – pour ne pas dire quasi-écartelé – dans un lit aux draps ensanglantés et le corps partiellement brûlé, cela lui avait fait un choc.
Le commandant Saddler demanda à voir la personne qui avait découvert le corps, ce n'était autre que la voisine de palier. La psychologue présente auprès de cette femme âgée environ de quarante ans essayait de la réconforter tant bien que mal mais il était compréhensible aussi quelle soit ainsi traumatisée. Cette pauvre dame allait probablement devoir être suivie de près psychologiquement parlant. Esmée s'assied face à elle, ne faisant absolument pas attention à la psychologue.
- Bonjour, je suis le commandant Esmée Saddler. Quel est votre nom s'il vous plait ?
- Christina.. Christina Valentine.
- Bien. Et vous êtes la voisine, est-ce bien cela ? Est-ce que cet homme vivait seul ?
- Non, non.. Il avait bien un ami. Oh mon dieu, dans quel état va t-il se mettre lorsqu'il découvrira que son amoureux a été massacré ? Mon dieu, mon dieu, j'ai tellement de peine pour ce pauvre garçon... La situation est si gênante, si terrible...
- Comment s'appelle cet ami ? Le savez-vous ? Se seraient-ils fâchés tous les deux ?
- Je ne connais pas son nom de famille, son prénom est Harley. En effet, je les ai entendu se disputer mais je ne connais pas le sujet de l'engueulade. Voulez-vous faire de Harley un suspect ?
- Et bien...
- Non ! Non, il n'aurait jamais fait cela. Il était si mignon, si aimable, un vrai ange. Je ne peux croire un instant que cela peut être lui le barbare qui a fait ça. C'est impossible ! Encore hier il m'a emprunté mon fer à friser et m'a mis de l'argent dans ma boîte au lettre pour s'excuser car il a grillé alors qu'il était en sa possession.Cette femme était d'une telle naïveté, Esmée avait bien envie de la secouer en lui hurlant dessus que bien sûr que son fer avait grillé mais que c'était dans le cul de ce mec qu'il avait passé ses derniers instants ! Ce Harley était bien évidemment le suspect numéro un, c'était logique ! En bonne flic qu'elle était, la jolie rousse gardait son calme. Après tout, elle n'était pas là pour s'énerver mais pour écouter ce que cette femme lui racontait. Même si son jugement n'était probablement et même sûrement pas le bon. Ce n'était pas de sa faute.
Un silence s'installa dans la pièce avant qu'Antonnela ne vienne avertir le commandant d'un fait étrange en chuchotant l'information juste au creux de son oreille pour ne pas faire paniquer Christina. Elle pourrait bien faire un malaise ou quelque chose du genre si on en rajoutait ! Esmée fronça les sourcils et prit la parole :
- A quoi ressemblait ce fameux Harley, madame ? Auriez-vous le papier qu'il vous a laissé dans votre boîte aux lettres ?
- Asiatique, avec de longs cheveux noirs, la peau très claire, des yeux bruns... Il était vraiment charmant. Peut être un peu trop mince et il était à peine plus grand que moi ! Répondit-elle en tendant un coin de feuille visiblement arraché à la va-vite.
Cette écriture était tout bonnement illisible, cela rappelait à Esmée le dossier qu'elle avait vu passer il y a un an pile. Ce dossier contenait des écris de ce jeune cannibale et le style était très ressemblant... Tout aussi difficile à lire. Le rapport avait évoqué de gros problèmes de vue dus à l'obscurité ambiante de l'endroit où l'adolescent vivait, ils avaient fait le lien avec cela pour expliquer une telle écriture car les graphologues n'ont su l'analyser pour en déduire la personnalité de ce mystérieux jeune homme.
Le nom ne correspondait pas, mais... Et si c'était la solution ? Et si c'était « lui » qui faisait soudainement sa réapparition ? Esmée fouilla dans sa mallette noire et en sortit une chemise en carton d'où elle prit une photo qu'elle montra à Christina :
- Est-ce cet homme ?La femme acquiesça et demanda comment ils avaient eu la photo de Harley. Esmée quitta la pièce sans même prendre la peine de lui répondre et elle revint dans la chambre auprès de ses collègues, l'air grave. Brian ouvrit la bouche pour lui demander si tout allait bien mais Esmée parla avant lui, fébrile et le cœur au bord des lèvres :
- Il est de retour.
- Il ? Tu parles de...
- Oui. Cet enfoiré, un an qu'on lui court après. Un an, et c'est maintenant qu'il se décide à montrer signe de vie.
- Et comment... Je crois que ça ne présage rien de bon si vous voulez mon avis commandant.
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