Chaque jours, je voyais du monde, mais personne ne disait rien. Personne. À l'école, à la maison, que ce soit avec maman ou les invités ou les voisins d'à côté... Pourtant, les nombreux cris devaient bien s'entendre, et même ces marques où il m'avait frappé devait également se voir. à moins que cela soit mes mensonges qui devaient jouer. Étais-je donc un bon menteur ? ...Et réussissais-je à faire croire à la maîtresse que j'étais tombé dans les escaliers, dans un léger murmure tandis que mon regard lui criait de m'aider ? N'était-ce pas assez gros pour qu'elle ne remarque point la détresse ? Et parlons aussi des policiers qui venaient nous rendre visite... Eux aussi je leur mentais certes, parce que j'avais peur, mais mon état misérable devait suffire à prouver les conditions dans lesquels je vivais, non ? Je ne savais pas... Peut être ne voulaient-ils tous, tout simplement pas savoir ce qui se passait chez les Kingsley. Ils ne voulaient sans doute pas s'attirer d'ennuis de la part du maître de la maison et puis, cela ne les concernait pas. À quoi bon. Nous ne sommes pas fréquentable et peut être un peu fou, et tout le monde savait bien qu'il ne valait mieux pas se frotter à des personnes de notre genre, vivant dans un appartement miteux digne d'un repaire de monstre où pousse de la moisissure de si de là. Une caverne de drogué ou d'alcoolique sans doute. A moins que cela ne soit d'autre que des fainéants, des individus bons pour être des perdants et tout autre sobriquet tout aussi mignon les uns que les autres. Tout cela pour dire que l'on préférait largement passer notre porte rapidement plutôt que de chercher à comprendre ce qui se passait réellement chez nous, les rumeurs dégradantes de la part des commères du coin, il n'y avait que ça qui permettait à tous d'avoir des nouvelles... Ou alors il y avait l'école. Un endroit que j'appréciais que sans plus et où je passais la plupart de mon temps à racheter l'image de la famille plutôt que d'apprécier les cours, les professeurs et les amis. Néanmoins, on ne disait pas de mal de moi. On s'inquiétait un peu, parce que j'étais ce genre d'enfant qui préférait rester dans son coin, la mine mélancolique.. Jusqu'à ce que je décide à rejoindre mes autres camarades de classes, cherchant continuellement à jouer les bons exemples. Aussi, je commençais peu à peu à me créer des identités. Si les autres enfants jouaient le rôle d'un voleur ou d'un policier simplement par amusement, moi alors, je le prenais plutôt à cœur. Et dès que j'étais, par exemple, le chat pourchassant les souris, je ne faisais pas simplement les toucher afin d'échanger le rôle, il m'arrivait par moment de cogner, si ce n'est carrément le mordre. J'étais devenu, malgré mon apparence rachitique, la brute de l'école... Peu à peu, même si mes notes restaient les mêmes, on ne cessait de me punir pour un comportement violent. Un comportement qui, au départ, me semblait tout à fait normal... Surtout lorsque l'on est éduqué par les coups et les insultes. Mon vieux me frappait bien, moi. Pourquoi ne pourrais-je pas faire la même chose aux autres ? Ma mère restait planté comme un piquet lorsqu'il commençait à me cogner, comment cela se faisait-il que notre professeure n'en faisait pas autant ? Pourquoi on ne criait pas dessus, à mon père ? Pourquoi on me criait donc dessus à moi ? Les questions se bousculèrent longuement avant que le chef de la famille ne m'intimide de ne plus jamais recommencé. Je compris alors qu'à cet instant, que certains subissaient et d'autre régnaient. Je devais subir donc, et il devait régner. Moi qui fut autrefois la terreur de la cours de l'école, j'en étais devenu la victime. En voyant ce radoucissement soudain de mon caractère, on profita donc pour me faire payer ce que j'avais pu leur faire subir. À présent donc, n'importe où, où je me trouvais, je ne me sentais plus en sécurité. Je me sentais perdu, affligé. Les seuls moments où je pouvais me retrouver un minimum sauf, c'est lorsque l'on me gardait enfermé dans ma chambre, seul.

Là alors, je me renfermais sur moi-même. Je dormais si je le pouvais et me laissais aller dans les doux bras de Morphée et à ses rêves agréables, bercé par des histoires tout aussi fascinantes les unes que les autres, tout droit sortit de mon esprit. Lorsque je me réveillais, jamais je n'oubliais ce que j'avais bien pu planifier, jouant aux héros avec des jouets improvisés. Un siège pouvait servir de bouclier et une lampe pouvait soudainement ressembler à une épée. Puis il rentrait en un brouhaha et je m'arrêtais de suite ce que j'avais commencé de faire. Je baissais l'échine et le regard face à lui avant qu'il ne me saisisse ne m'arrache et balance sur le lit. Là alors, je tombais dans un monde plus sombre. Le sien. Il était chaque jours la créature que j'essayais de combattre, me débattant avec hargne tandis que son corps écrasait le miens pour finalement s'abandonner à ses attentes, son esprit aliéné et ses pulsions libidineuses ou de violences suivant seulement de l'instant, la date, l'heure ou le mauvais temps. Et tout les jours, cela recommençait une nouvelle fois sans que je n'ai l'espoir de pouvoir me défendre, bien trop petit, bien trop maigre, bien trop faible. Tandis que l'Enfer se perpétuait, et s'accentuait lorsque j'avais légalement le droit de ne plus aller à l'école, je m'enfonçais peu à peu dans une pseudo folie où mon monde devenait peu à peu réel pour moi. Mon esprit faisait en sorte de balayer les moments douloureux et les remplacer par des instants plus doux et factices. Mon identité même que je haïssais au plus haut point à cause de ce que j'étais devenu se mit à disparaître pour découvrir d'autres personnalités plus attrayantes et plus vivante, récoltant mille-et-une visage afin d'égayer mon existence virtuelle. Si mon corps se dégradait, mon esprit lui, s'envolait et rêvait éternellement. Et c'est même grâce à l'un d'eux que je réussis à me libérer complètement... Je me souviens encore comme si c'était hier. J'étais devenu Leeroy le battant, l'intelligent avant qu'il ne devienne Leeroy le parfait. C'était une personnalité vaniteuse et dont j'aurais aisément envier en tant que Syka. Il ne se laissait pas faire, mais contrairement à mon père, il ne criait pas et n'usait pas la force pour se faire respecter... Mais de sa tête. Aussi, Leeroy réussissait tout le temps à obtenir ce qu'il voulait. Lui était si bête, mais Leeroy, savait comment agir avec tel ou tel personne.

⁂